JUSTICE: ils voulaient acheter une voiture et se sont faits rouler...

Scène vue au tribunal judiciaire de Boulogne/mer

Cet après-midi-là, la salle d'audience du second étage du Palais de justice de Boulogne fait recette. Une nuée d'avocats (voire surtout d'avocates, la profession s'est bien féminisée) s'agitent un peu en tous les sens à la quête des dernières nouvelles. L'affaire qui les a mobilisés pourrait être renvoyée à plus tard mais rien n'est encore arrêté. 

Les trois prévenus, eux, sont là. Côté public, on a aussi fait le plein. Il faut dire que le palmarès des trois gaillards qui comparaissent est impressionnant. Ils sont officiellement poursuivis pour association de malfaiteurs, escroqueries en bande organisée, faux, usages de faux, etc.  Pendant dix mois, entre janvier et novembre 2023, ils ont arnaqué une cinquantaine de citoyens de la région. 

Hors salle d'audience, quelques unes des victimes nous expliquent. “On avait vu l'annonce sur le Bon Coin, on a pris contact avec le vendeur. On nous a confirmé qu'il s'agissait d'une société avec pignon sur rue. Finalement, pour quatre mille euros je me suis retrouvé avec une voiture dont le compteur avait été trafiqué et qui ne valait même plus mille euros sur le marché officiel"
"Vous au moins vous avez eu une voiture, surenchérit un autre . Ma fille, elle en a été pour ses trois mille euros. Elle n'a jamais vu la voiture promise”. 

Ils sont donc une cinquantaine (toutes les victimes n'ont sans doute pas été identifiées) à être à peu près dans ces situations ubuesques avec des préjudices à chaque fois de plusieurs milliers d'euros. L'affaire aurait pu ainsi rapporter 200.000 euros aux trois génies de l'escroquerie.
Une vingtaine de ces victimes sont présentes ou représentées par un avocat en cet après-midi. Elles espèrent beaucoup de l'audience qui doit se tenir. 

Pas de chance, comme les avocats s'y attendaient, un élément de dernière minute, extérieur à la procédure en cours, contraint le tribunal à prononcer le renvoi de l'affaire à janvier ou février prochains. 
La séance est levée. Chacun, prévenus compris, peut rentrer chez soi.
Chez les victimes c'est la déception. Même pas de colère. Juste du découragement…

C'est cela aussi la justice en France…