COKE EN STOCK et tintin pour l'aventure

Scène vue au tribunal judiciaire de Boulogne/mer

L'homme qui est arrivé enchaîné entre deux gardes du corps devant le tribunal est l'exemple auquel on pourrait confronter tous ceux qui seraient tentés un jour se se laisser tenter par les stupéfiants. Un exemple à ne pas suivre.

Maxime n'a pas l'air bien méchant.  On dirait un ancien ado qui a décidé de ne pas vieillir. Pendant que la présidente du tribunal rappelle les faits qui lui sont reprochés, il ne cesse de s'agiter dans tous les sens, de se déhancher, d'étirer ses jambes. Tous les symptômes d'un drogué en phase de désintoxication. Il est en traitement depuis des mois. Son cas était déjà bien avancé dans la dépendance.

C'est dans cet état de semi conscience qu'il s'est fait prendre en novembre dernier au volant d'une voiture qui ne lui appartenait pas, du côté de Neufchatel-Hardelot. Il avait cumulé quelques délits. Conduite sans permis , conduite sans assurance,  conduite sous l'emprise de stupéfiants, le tout en état de récidive. Et pour faire bonne mesure il avait ajouté un délit de fuite après un accident de la route selon l'accusation. La totale. Quoi que…

Quoi que pour ce qui est du délit de fuite après accident, il fallait ramener cela à la réalité. L'accident c'était purement matériel. Et la fuite n'avait consisté qu'à poursuivre sa route sur quelques centaines de mètres pour s'arrêter sur le bas-côté. Là où les gendarmes l'avaient interpellé alors qu'il tentait, vainement, de récupérer ses esprits. Ah, la cocaïne! 

Alors, bien sûr qu'il n'est pas méchant, Maxime, bien sûr que sa mère est en train de lui rechercher du travail pour quand il va sortir de prison, bien sûr qu'il jure qu'il a cessé, définitivement, de consommer de la drogue depuis qu'il est en prison, sans que cela ne choque personne dans la salle (Ah, bon, parce qu'il y aurait de la drogue qui entrerait dans les prisons françaises, ça alors! ndlr).
Et Maxime ne nie rien. Il reconnait spontanément les faits, même ceux qu'à cause de son état il a oubliés. Ce à quoi il aspire c'est enfin avoir une vie normale.

Il va pourtant devoir encore attendre. Car, après en avoir délibéré, le tribunal lui inflige une peine de huit mois de prison. Maxime va retourner en geôle. Il accepte la sentence sans protester, comme une fatalité. Ses gardiens lui replacent les bracelets. Il quitte la salle d'audience d'une démarche chaloupée, en remuant les épaules. 
Ils durent longtemps les effets de la drogue. 
Coke en stock, et tintin pour l'aventure.

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Post scriptum

Théorie de l'évolution de la toxicomanie, basée sur une expérience clinique concernant 1000 toxicomanes de 15 à 30 ans et 3000 collégiens (dialogues de groupe), et une enquête auprès de 1000 ex-toxicomanes. De cette expérience l'auteur tire d'abord quelques conclusions générales : 1. 80% des adolescents ont essayé un "joint" ; 2. 90% des toxicomanes le sont devenus parce qu'un jour il y a eu la rencontre avec la drogue (le cannabis en règle générale) ; 3. que 25 à 30% d'entre eux ont eu des facteurs psycho-sociaux aggravants ; 4. tous les milieux socio-culturels, ethniques et religieux sont touchés dans des proportions comparables. Ensuite il distingue quatre stades dans l'évolution de la toxicomanie. L'évolution d'un stade à un autre se fait plus ou moins rapidement selon les individus et son milieu. Stade 1 : la contamination ; stade 2 : les utilisateurs occasionnels ; stade 3 : les utilisateurs habituels ; stade 4 : les toxicomanes invétérés. L'auteur en conclut que le cannabis est une drogue piège : il a joué un rôle prédominant dans 95% des cas. Il souligne l'importance du rôle du produit (souvent occulté) dans la formule : "la toxicomanie est la rencontre entre un individu, un produit et un moment socio-culturel".

Extrait de l'observatoire français des drogues et tendances addictives.