REVUE...ET CORRIGÉE

BOULOGNE-SUR-SCÈNE

Dialogue à peine imaginaire

Le Margat: Dites, pourquoi qu'on z'avez pon voulu m'réponde hier soir au téléphone?
Le Journaliste: Je suis désolé, cher Margat, mais j'étais à la couturière et j'avais coupé mon portable
LM:  Chez l'couturière..? À neuf heures du soir..? C'est ça qu'on dites à vot' femme quand on z'allez vadrouiller…
LJ: Mais non, la couturière c'est ainsi qu'on appelle la répétition d'une pièce au théâtre, pour régler les derniers détails avant la séance devant le public.
LM: Ben, ui, j'sais ben, j'disois ça pour vous faire marcher. Mi aussi j'y étois. J'avois été invitaille par el' Voix du Nord qu'alle soigne ses viux clients. Et j'étois pon l'seul… Y in avoit du monde pour voir l'couturière ed l'arvue locale “arrête ed'braire”.

LJ: Et qu'as tu pensé de cette nouvelle revue. 
LM: Ed toutes façons mi j'sus jamais déçu quand on parle ed Boulonne-sur-scène avec l'accent ed' min grind-père. Ça m'cange  ed' ces monsters ed margats d'asteur qui parl'tent plus el ouesche-ouesche qu'el vrai patois d'chez nous.
LJ:  j'entends bien. Mais que penses tu du spectacle proprement dit?
LM: C'est du biaw boulot. Mi j'aime ben les acteurs, j'aime ben les dinseurs et surtout les dinseuses, j'aime ben l'musique. Et pis les sketches y sont quind même ben tournailles. On s'innuie pon. On s'instruit même…  Et pis, ça égratine un p'tit peuw tout l'monde
LJ: C'est un classique de la revue locale boulonnaise. Je crois que le public vient aussi pour cela. Chacun en prend pour son grade.
LM: Ui, mais c'est pon méchint et c'est souvint ben trouvaille. J'ai ben aimaille l'histoire d'où qu'il étoit question d'odeurs, ed 'rose et d'élections…
LJ: Chut, ne dévoile pas les sketches. Comment as-tu trouvé les acteurs?
LM: Très bons, comme d'hab! Y n'a juste eune qu'elle m'a vraimint surpris quind elle a fait s'n'intrée su l'scène, c'est Sardine Ruisseau, j'savois pon qu'alle faisoit du théâte.
LJ: Sardine Ruisseau..? Tu veux parler de Sandrine Rousseau, la député écologiste?
LM: Ui, mais, ici, on est dins un port ed'pêche et Sardine ça m'parait miux li convenir. Quoi qu'alle faisoit là?
LJ: Mais ce n'était pas la vraie Sandrine Rousseau, c'était une actrice. Mais je dois reconnaître qu'il y avait de quoi se tromper.
LM: Ah, je m'disois aussi. Ce qui m'étonnoit ce qu'alle parloit sins s'imbrouiller et sins dire ed'conneries. Alors, si c'étoit pon l'vraie, tout s'esplique..
LJ: Bon, cela suffit. Tu vas finir par te prendre pour le revuiste bis…
LM: Nan, mi j'sus comme el public qui vient au théâte, y s'continte pon d'arguetter, y vit l'arvue, comme on z'avez pu l'armarquer lors d'el couturière.
LJ: Tu as raison, c'est cela aussi la revue, un moment de communion entre le réel et le théâtre.