Y'A LE FEU ET ON N'EST PLUS DANS LE FAIT DIVERS
Voici ce que nous écrivions ici voici deux semaines dans l'article intitulé: Ce pourrait être l'un des plus beaux quartiers de Boulogne. (il est toujours en ligne)
Ce vendredi 12 septembre a comparu devant les juges un garçon complètement paumé de 26 ans qui a reconnu être l'auteur de l'incendie dont il est question plus haut. Le personnage représente l'archétype de ce que les riverains peuvent redouter. L'alcool, la drogue, l'oisiveté le rendent imprévisible. Imprévisible et violent. Il a déjà une quinzaine de condamnations à son actif, notamment pour vols et dégradations. Pour l'incendie il vient d'écoper de deux ans d'emprisonnement réel. Mais la saga n'est pas close pour autant. Dans quelques jours, deux jeunes femmes, actuellement détenues, comparaitront à leur tour, en lien avec l'autre incendie. On baigne dans la misère à la fois sociale et morale. On est entre Zola, côté misérabilisme et San Antonio, côté absurde. L'intelligence et la réflexion ont complètement disparu. On est dans un autre monde.
Nous avions alors promis d'y revenir plus longuement prochainement. Voici.

Comme annoncé ci-dessus, les deux femmes ont comparu devant le même tribunal ce mercredi 24 septembre. L'ambiance dans la salle d'audience n'a pas changé. Les deux soeurs poursuivies pour incendie volontaire ont sensiblement le même profil que le “paumé” de l'épisode précédent. Elles sont connues de la police et ont déjà des mentions à leur casier judiciaire. Les menaces, la violence, la drogue, les difficultés financières, une absence de repère, font partie de leur environnement. Elles sont là parce que, pour venger leur mère, elles auraient à leur tour mis le feu à l'appartement de la mère du premier incendiaire. On a déjà une idée du niveau de réflexion.
Même si aujourd'hui, devant les juges, elles refusent de reconnaître les faits, les charges contre elles étaient suffisamment accablantes pour que soit prononcée leur condamnation.
La fatalité ???
Quatre ans. Dont un an avec sursis. Avec les remises de peine elles pourront passer jusqu'à deux années entières derrière les barreaux. Et si il y a des enfants qui vont devoir supporter cela, c'est ainsi. Fatum, c'est le destin. Dans le quartier de Calmette les avis seront partagés suite à ce jugement mais les faits sont là.
C'est dans ce même quartier qu'un jeune homme de 25 ans, pas bien dans sa peau sexuellement parlant, avait ouvert un salon d'esthétique à vocation sociale. Çà ne s'invente pas. Et c'est parce qu'il ne pouvait plus faire face à ses dettes que l'esthéticien a monté une minable escroquerie (voir l'article “C'est le salon de l'horreur”). Après avoir été l'objet de la vindicte publique en raison du tort causé à ses victimes, l'escroc amateur a écopé lui aussi d'une peine de prison, certes avec sursis, devant le même tribunal il y a quelques jours.

Y-a-t-il une fatalité dans ce quartier laissé pour compte? On va finir par l'imaginer. Il est vrai qu'il est difficile d'envisager une vie sereine en l'état des lieux. Quand rien n'y inspire à la sérénité, à la sagesse, à l'espoir. A l'estime de soi et au respect des autres. Dans certains immeubles plus de la moitié des appartements sont grossièrement murés. Pourtant, quand, à proximité des plus délabrés, un appartement encore intact est mis en vente il trouve preneur. Lequel preneur s'empresse de le relouer à bas coût, y compris quand c'est un bailleur social.
Cela faisait des années qu'un "point de deal" s'était implanté dans le quartier. Au vu et au su de tous. La drogue ne rend pas intelligent, c'est prouvé, mais elle attise les convoitises. Et les rancoeurs. Cette drogue est justement à l'origine de ces tristes histoires d'incendies. Pour une simple dette de 400 euros. Plus que le prix d'un loyer quand même.…

Dernièrement, à la tribune du même tribunal, un membre du parquet laissait clairement entendre que la situation de chômage et de précarité à Boulogne pouvait expliquer, sinon justifier, bien des malheurs. On aurait pu ajouter l'alcool et les stupéfiants. Bien sûr. Mais à part cela, qu'est-ce qui explique que ce quartier, qui pourrait être l'un des plus beaux de Boulogne de par sa situation géographique et ses espaces verts, est resté depuis si longtemps dans cet état d'abandon. Même si cela ne justifie pas les actes de délinquance, peut-être serait-il temps de se pencher sur la question.
