JUSTICE: DU BON USAGE DE LA PRISON

Mais y a-t-il un bon usage pour tous

A l'occasion du probable séjour en prison de Nicolas Sarkozy, il a beaucoup été question, dans les nombreux débats,  de la raison d'être de cette peine de privation de liberté. 
D'anciens détenus, tel Pierre Botton, sont venus raconter ce que représentait réellement, pour la personne détenue, l'expérience d'une mise en détention. Avec un premier constat: être en prison c'est assumer de passer 22 heures sur 24 enfermé dans une cellule de 9 mètres carrés. Et une conclusion: on ne sort pas d'un séjour en prison meilleur qu'avant d'y être entré.
C'est, en quelque sorte, les questions que l'observateur peut également se poser en assistant aux audiences du tribunal de Boulogne.

Ce jeudi devait comparaître un personnage répondant au prénom de Mathieu. Selon les chefs d'accusation retenus, il devait s'agir d'un triste individu. 
Pensez donc. Entre le 12 et 23 mai derniers il a sollicité un mineur de moins de 15 ans en lui proposant des images pornographiques. Il a fait à ce mineur des propositions sexuelles. Il a conservé par devers lui une image de ce mineur dans une situation sexuelle. Il a finalement diffusé cette image… Tout cela, non pas en présentiel, comme on disait au temps du Covid, mais en une sorte de télétravail. Tout sur internet.
Mais on a aussi affaire à un récidiviste, les mêmes faits ayant déjà été commis par le même Mathieu un an plus tôt, en mars 2024. 

Face à ces délits répétitifs, la justice avait placé leur auteur en détention. 
Et c'est menottes aux poignets, encadré par trois agents de la pénitentiaire, que Mathieu a fait son entrée ce jeudi devant le tribunal. Et alors quelle surprise! Mathieu est un jeune homme de 21 ans, habillé comme tout bon jeune homme qui se respecte, présentant bien. Mais à l'évidence mal sans sa peau et pas très bien non plus dans sa tête.
Il ne nie pas les faits. Il a sans doute eu le temps d'y réfléchir pendant les 22 heures qu'il a passées quotidiennement dans une cellule de neuf mètres carrés. Et l'on ne parle pas des promenades en présence des autres détenus…
Après avoir évoqué les faits, le tribunal lui assène une vraie leçon de morale, lui explique avec force précisions qu'il va devoir suivre un traitement, voir des psychologues… Et payer des dommages intérêts à ses victimes. Et voir son casier judiciaire marqué d'une condamnation à deux ans de prison dont il n'exécutera qu'une partie. Et qu'il a la possibilité pendant huit jours de faire appel de la décision que la présidente vient patiemment de lui annoncer. 

On n'est pas sûr que Mathieu a tout compris à ce qu'il vient d'écouter. Tête baissée, adressant un au-revoir timide aux magistrats, Mathieu quitte le tribunal les menottes aux poignets, encadrés par trois agents de la pénitentiaire pour un retour en prison. 
Une évidence apparaît: un séjour prolongé en cellule n'arrangerait en rien sa situation et n'apporterait rien à ses victimes.
Dilemme.